Nicolas Huchet, My Human Kit
© Jean-François Monier / AFP

Nicolas Huchet, Chargé de développement chez My Human Kit

Il y a vingt ans, Nicolas Huchet perdait sa main dans un accident de travail. Il y a dix ans, il en a eu assez de sa prothèse, qui ne lui permettait pas de faire ce qu’il voulait, c’est-à-dire simplement vivre, serrer des mains, jouer de la batterie ou avec un pistolet qui lance des balles en mousse. Aujourd’hui, Nicolas Huchet peut faire tout ça, et bien plus encore, puisque, avec son association My Human Kit, il continue d’avancer pour lui-même, mais aussi, et peut‑être surtout, pour les autres !

Ça a commencé comment My Human Kit ?

Jai perdu ma main dans un accident de travail, puis j’ai passé dix ans appareillé d’une prothèse myoélectrique, c’est-à-dire une prothèse de main qui permet un mouvement d’ouverture et de fermeture. C’est une sorte de pince longue, lourde, pas très jolie et pas très fonctionnelle. En gros, je ne me sentais pas bien dans ma peau et j’ai eu envie de trouver une solution.

À ce moment-là, je vois qu’il existe de nouvelles prothèses sophistiquées qui bougent tous les doigts. J’en parle à mon prothésiste qui me dit que c’est très cher et que ça n’est pas remboursé par la Sécu. En parallèle, je découvre qu’il existe dans ma ville, à Rennes, un FabLab, un laboratoire de fabrication collaboratif dans lequel il y a des imprimantes 3d. J’y vais et je leur demande si on peut fabriquer des prothèses avec ces machines.

Ils me disent ok, on peut essayer, mais à une condition : on te demande de partager tes recherches pour que ça puisse aider d’autres personnes. À cette époque-là, j’en avais marre de ce système où il fallait avoir de l’argent pour accéder à une bonne prothèse. Je me suis dit, en bon rebelle : « J’emmerde le système, ma prothèse je vais la faire moi-même ! » Et quand j’ai compris que ça allait aider d’autres, j’ai su qu’il fallait vraiment que je le fasse.

Et, assez rapidement, vous fabriquez une prothèse…

On a trouvé sur Internet des plans en open source, c’est-à-dire des plans en libre accès, d’une main robotique. On l’a fabriquée grâce à l’imprimante 3d et on l’a adaptée sur moi. Tout s’est fait en six mois, mais le résultat n’était pas du tout utilisable (rires !)… Mais, par contre, ce qui avait complètement changé, c’était la manière dont je voyais mon handicap. C’est comme ça qu’on a créé My Human Kit, en se disant que le handicap peut être un levier, une source de créativité, une source d’inspiration, un centre de gravité autour duquel des personnes peuvent se retrouver et inventer ensemble des solutions.

Et la prothèse… vous l’avez améliorée depuis ?

C’était déjà une prouesse, moi amputé, je faisais bouger une main imprimée 3d dans un FabLab pour 300 euros… C’était dingue ! Et tous les ans, depuis dix ans, on se dit qu’on peut aller un peu plus loin. Aujourd’hui, cette prothèse commence à exister pour de vrai, à être fonctionnelle. On a aujourd’hui un prototype conçu par l’intelligence collective, le réseau de bénévoles, d’entreprises, de salariés à Grenoble, à Lyon, à Nantes et à Angers. Il y a aussi des étudiants qui ont travaillé sur la conception et la fabrication du prototype durant leurs heures de cours, et ça compte pour leur BTS ![…]

Retrouvez la suite de cette interview dans respect 08, numéro qui questionne la notion de famille en 2024. Exclusivement disponible sur la boutique respect :

respect 08
PEUT-ON CHOISIR SA FAMILLE ?

MANIFESTE RESPECT

Respect : n. m. (latin respectus)

  • Sentiment de considération envers quelqu’un, et qui porte à le traiter avec des égards particuliers ; manifestations de ces égards ; Manquer de respect à quelqu’un.
  • Considération que l’on a pour certaines choses ; Le respect de la parole donnée.

Source : Larousse.fr 

Étymologiquement, le respect est le fait de se retourner pour regarder ; il implique un effort d’attention vers autrui, associé à la reconnaissance d’une dignité égale. En philosophie, Kant est l’un des premiers à avoir défendu cette notion. Pour lui, le respect est avant tout le sentiment de la dignité de la nature humaine : en respectant la dignité des autres, dans toutes leurs différences, nous nous interdisons de les juger. Comprendre le potentiel et la force du respect, c’est reconnaître sans condition la dignité humaine.

Au-delà même de la tolérance qui, elle, n’exclut ni le mépris ni la pitié, le respect lutte et agit en vertu de la dignité humaine et de la bienveillance.

Approcher début 2022 la notion de respect, et donc celle de dignité, conduit à poser un acte d’engagement au cœur de ce moment clé de transition de notre époque.

Alors que le débat démocratique insiste souvent sur l’absence de projet collectif, sur ce qui sépare les « communautés », tout en faisant l’apologie des libertés individuelles au détriment du commun, il semble indispensable de poser en valeurs cardinales le respect et la dignité, sous toutes leurs formes, à commencer par le respect de la différence.

Appuyé sur une histoire forte et exigeante, le nouveau magazine respect porte haut les couleurs du respect des autres, de la différence, de toutes et tous, c’est-à-dire de la différence en termes d’âge, de genre ou de sexe, d’orientation sexuelle, de handicap, de croyances, d’opinions, d’origine sociale, culturelle, économique…

Et dans la continuité de cet axe fondamental, le respect s’étend à tout ce qui nous entoure, à l’ensemble des sujets du temps présent au cœur desquels s’inscrit l’engagement, sous toutes ses formes.

Il s’agit ainsi :

  • Du respect des autres
  • Du respect de la différence
  • Du respect de l’environnement
  • Du respect du débat démocratique
  • Du respect des enjeux sociaux
  • Du respect des territoires

Du respect de l’entreprenariat lorsqu’il est sincèrement orienté vers son impact sur l’humain et sur la planète.

Le magazine respect s’incarne par des visages, des mouvements, des aspirations et prend la parole en la donnant à des voix uniques, singulières et collectives, rassemblées à travers des récits, des manifestes, des exclamations.

Être différent n’est ni une bonne ni une mauvaise chose. Cela signifie simplement que vous êtes suffisamment courageux pour être vous-même. (Albert Camus)

En France, le respect de la dignité humaine a été érigé en principe à valeur constitutionnelle par la décision du Conseil constitutionnel du 27 juillet 1994.

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