Jérémie Fontanieu dans respect 03

Jérémie Fontanieu, professeur de sciences économiques et sociales

Au lycée Eugène-Delacroix, à Drancy, Jérémie Fontanieu a développé la méthode « Réconciliations », qui met à contribution les élèves autant que leurs parents.

« Zéro décrochage scolaire et 100 % de réussite au bac »… Un slogan qui peut paraître racoleur, mais qui témoigne pourtant de votre réussite, à vous et vos élèves, depuis cinq ans maintenant. Quel est le secret du projet Réconciliations ?

Ce projet pédagogique consiste à coopérer davantage et établir un dialogue constant avec les parents d’élèves. Nous échangeons chaque semaine par sms : je leur transmets les notes, les écarts de conduite, les retards, et leur rappelle que leurs enfants doivent réviser à la maison. De leur côté, les parents m’informent de l’évolution ou des difficultés de leurs enfants, mais aussi d’évènements extrascolaires pouvant affecter leurs résultats, par exemple.

J’ai l’impression qu’être un prof compétent ne suffit pas aujourd’hui, tout comme être un parent compétent. En revanche, l’alliance des deux peut faire des étincelles et permettre à ces ados d’exprimer pleinement leur potentiel. La méthode peut paraître simple vue ainsi, mais ce n’est pas ce qu’on apprend dans notre formation de prof. Cela fonctionne, pourtant : petit à petit, les élèves se mettent à réviser chez eux, n’arrivent plus en retard ou n’oublient plus leurs affaires.

Comment ce projet est-il né ?

J’ai connu une première année compliquée en tant qu’enseignant. J’étais stagiaire et j’avais l’impression de me faire écraser par mes élèves et par l’Institution. J’avais la sensation d’être seul et impuissant, mais je gardais l’idée folle que si je travaillais dur, je pouvais devenir ce prof charismatique qui allait faire rêver et réussir tous ses élèves, un peu comme dans Le Cercle des poètes disparus… On a tous cette idée-là du « bon prof ». Mais, au final, on est seul face à nos élèves. On a beau tenter des choses, on a la sensation que rien n’est fait pour que l’on y arrive. C’est pour cela qu’il y a du décrochage chez les profs également, même chez celles et ceux dont c’est la vocation. Il fallait donc que je trouve une solution pour ma survie dans la profession. À mon arrivée au lycée Eugène-Delacroix, à Drancy, j’ai commencé à être un peu plus sévère et à mettre en place des évaluations hebdomadaires.

Cela fonctionnait plutôt bien, mais ce n’était pas suffisant. Les élèves ne révisaient pas suffisamment à la maison. Au vu de leurs facultés, c’était un gâchis de potentiel énorme. Je me suis alors demandé qui pourrait avoir assez d’influence pour les secouer ? Et, un jour, j’ai pensé aux familles…

Retrouvez l’intégralité de cet article dans le numéro 3 qui explore les recoins, les marges, les idées et actions des défis posés par « éduquer » et « habiter ». Exclusivement disponible sur la boutique respect :

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TOIT, NOUS

MANIFESTE RESPECT

Respect : n. m. (latin respectus)

  • Sentiment de considération envers quelqu’un, et qui porte à le traiter avec des égards particuliers ; manifestations de ces égards ; Manquer de respect à quelqu’un.
  • Considération que l’on a pour certaines choses ; Le respect de la parole donnée.

Source : Larousse.fr 

Étymologiquement, le respect est le fait de se retourner pour regarder ; il implique un effort d’attention vers autrui, associé à la reconnaissance d’une dignité égale. En philosophie, Kant est l’un des premiers à avoir défendu cette notion. Pour lui, le respect est avant tout le sentiment de la dignité de la nature humaine : en respectant la dignité des autres, dans toutes leurs différences, nous nous interdisons de les juger. Comprendre le potentiel et la force du respect, c’est reconnaître sans condition la dignité humaine.

Au-delà même de la tolérance qui, elle, n’exclut ni le mépris ni la pitié, le respect lutte et agit en vertu de la dignité humaine et de la bienveillance.

Approcher début 2022 la notion de respect, et donc celle de dignité, conduit à poser un acte d’engagement au cœur de ce moment clé de transition de notre époque.

Alors que le débat démocratique insiste souvent sur l’absence de projet collectif, sur ce qui sépare les « communautés », tout en faisant l’apologie des libertés individuelles au détriment du commun, il semble indispensable de poser en valeurs cardinales le respect et la dignité, sous toutes leurs formes, à commencer par le respect de la différence.

Appuyé sur une histoire forte et exigeante, le nouveau magazine respect porte haut les couleurs du respect des autres, de la différence, de toutes et tous, c’est-à-dire de la différence en termes d’âge, de genre ou de sexe, d’orientation sexuelle, de handicap, de croyances, d’opinions, d’origine sociale, culturelle, économique…

Et dans la continuité de cet axe fondamental, le respect s’étend à tout ce qui nous entoure, à l’ensemble des sujets du temps présent au cœur desquels s’inscrit l’engagement, sous toutes ses formes.

Il s’agit ainsi :

  • Du respect des autres
  • Du respect de la différence
  • Du respect de l’environnement
  • Du respect du débat démocratique
  • Du respect des enjeux sociaux
  • Du respect des territoires

Du respect de l’entreprenariat lorsqu’il est sincèrement orienté vers son impact sur l’humain et sur la planète.

Le magazine respect s’incarne par des visages, des mouvements, des aspirations et prend la parole en la donnant à des voix uniques, singulières et collectives, rassemblées à travers des récits, des manifestes, des exclamations.

Être différent n’est ni une bonne ni une mauvaise chose. Cela signifie simplement que vous êtes suffisamment courageux pour être vous-même. (Albert Camus)

En France, le respect de la dignité humaine a été érigé en principe à valeur constitutionnelle par la décision du Conseil constitutionnel du 27 juillet 1994.

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