Avec Banlieues Climat, Féris Barkat sensibilise les habitants des quartiers populaires aux questions environnementales pour voir fleurir des initiatives.
Comment vous êtes-vous intéressé au climat et à l’environnement ?
Ce n’était pas un sujet à la maison. Mes potes d’enfance s’en foutaient. Dans mon lycée privé, des gens faisaient des manifs pour le climat, mais je ne m’y intéressais pas. La prise de conscience remonte au cancer de ma mère. Je me suis renseigné sur les causes possibles et me suis formé seul sur la question. J’ai commencé à réaliser que certains territoires étaient plus concernés que les autres, par exemple, par les particules fines.
Et comment avez-vous franchi le pas de l’engagement, avec Banlieues Climat ?
J’avais vraiment ce besoin de ne plus être en colère tout seul. Ce qui est commun à tous les fondateurs de Banlieues Climat, c’est que notre engagement n’est pas un choix, mais une nécessité. Ce qui donne un rapport particulier à l’énergie, à la médiatisation. À aucun moment on a vraiment voulu faire ça, cela n’a jamais été notre rêve. On subit le sujet, très lourd, quand il s’agit de santé. Il faut dé-romantiser l’engagement ! Il y a des gens pour qui ce n’est pas un choix.
Pourquoi le message sur le climat ne prenait pas jusqu’à présent dans les banlieues ?
Il y a un problème de messager, d’identification. Dans l’espace public, on entend des discours complètement déconnectés de notre réalité. Par exemple : le discours sur la réduction de la
consommation, c’est pertinent selon le niveau de vie. Mais quand tu n’as déjà pas grand-chose, donc rien à réduire, ce discours n’a pas de sens ! Nous, on va passer par les questions d’adaptation plutôt que par la sobriété. Comment créer des espaces verts, comment préserver sa santé dans son quartier. On ne pense pas à sauver le monde, mais à transformer des trajectoires, des vies, voire des territoires si on y arrive. […]
Par Oriane Raffin