L’Association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et trans à l’immigration et au séjour (Ardhis) a vu le jour en 1998 et fête cette année ses 25 ans d’existence. Plus de 5 800 demandeurs d’asile, originaires de 98 pays, ont été accompagnés par l’Ardhis depuis 2005, dont près de 500 pour la seule année 2022. Son existence démontre l’incapacité de nos institutions à changer de regard sur les parcours migratoires et à proposer de meilleures conditions d’accueil.
Aujourd’hui, dans le monde, 67 pays criminalisent encore les rapports entre personnes de même sexe, une pratique passible de la peine de mort dans dix États. Le durcissement du climat lgbtqiphobe ces dernières années ne laisse malheureusement pas présager de meilleurs jours pour les personnes LGBTQI+. Beaucoup d’entre elles cherchent à quitter leur pays d’origine parce qu’il leur est impossible d’y vivre en étant pleinement elles-mêmes ou parce que leur vie est en danger, en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité ou expression de genre.
La situation reste alarmante dans de nombreuses régions du monde, tant sur le plan géopolitique (la guerre en Ukraine, l’instabilité politique dans certains pays d’Afrique et du Moyen-Orient…) que sur le plan législatif. La multiplication des lois lgbtqiphobes en Russie, en Hongrie, en Pologne, en Iran, aux États-Unis ou plus récemment en Italie et en Ouganda* obligent les salariés et bénévoles de l’Ardhis à redoubler d’efforts et à poursuivre leur mission. Au sujet des profils des personnes soutenues par l’association, la présidente de l’Ardhis, Aude Le Moullec-Rieu, précise à l’association France Terre d’asile : « L’Ardhis accompagne majoritairement des personnes d’Afrique subsaharienne francophone, surtout des Ivoiriens et Sénégalais et beaucoup de femmes originaires de république démocratique du Congo. » Elle ajoute « On ne voit pas dans nos chiffres un reflet parfait de la géographie des lgbtphobies dans le monde. C’est-à-dire que les pays les plus représentés ne sont pas forcément les pays où l’homosexualité est punie de mort, à l’exception sans doute de la Mauritanie. Par exemple, nous avons reçu très peu de personnes originaires de Tchétchénie par rapport aux nationalités déjà citées, même si les exactions envers les personnes LGBTQI+ commises par le régime de Kadyrov ont fait la une des journaux. Selon mon expérience, les causes de départ sont souvent très violentes, c’est un départ du jour au lendemain, car les personnes vivent cachées et doivent fuir si leur homosexualité est découverte. » […]
Par Florent Manelli