Situé au cœur du centre hospitalier psychiatrique Montperrin, à Aix-en-Provence, le 3 bis f est un centre et une fabrique d’arts contemporains qui permet aux patients, aux visiteurs et aux artistes de se rencontrer autour d’expositions et de spectacles vivants. Un lieu invitant à vivre des expériences singulières à la croisée des arts et des publics. Suivez le guide.
Pour se rendre au 3 bis f, il faut d’abord pousser la porte d’un hôpital psychiatrique : le centre hospitalier Montperrin. 17 hectares de pavillons administratifs et de santé pouvant accueillir jusqu’à 300 patients, au cœur de la cité aixoise. Une ville dans la ville. Nous sommes en plein mois d’août, le soleil cogne, mais les immenses platanes arborant les allées de l’hôpital rafraîchissent l’atmosphère. Le calme des lieux est saisissant. En suivant les panneaux indiquant l’entrée du 3 bis f, je m’enfonce un peu plus dans les entrailles de Montperrin, m’y voilà.
Le 3 bis f. Étrange nom de code pour désigner un centre d’arts. En réalité, il s’agit du nom d’origine du pavillon de l’hôpital construit à la fin du dix-neuvième siècle, dans lequel le centre d’arts a pris place en 1983. Le 3 bis f, comprenez le 3 bis des femmes, était autrefois un pavillon de force réservé aux patientes dites « agitées ». Au début des années 1980, le bâtiment devait être démoli. Mais Jean Maviel, jeune interne en psychiatrie, accompagné d’artistes dont le peintre Jacques Hémery, proposa un projet d’un genre nouveau : la création d’un « lieu d’arts ».
Ainsi naît le 3 bis f, porté dès sa création par l’association Entr’acte. De l’extérieur comme de l’intérieur, le bâtiment est resté dans son jus, comme une volonté de préserver l’histoire de ce lieu singulier et de celles qui y sont passées. Les empreintes des lits scellés au sol sont encore perceptibles dans les cellules abritant aujourd’hui des salles d’exposition…
Je rencontre Diane Pigeau, directrice artistique des arts visuels au 3 bis f, qui me fait visiter l’exposition à l’affiche au moment de ma venue Des luttes invisibles de Cathryn Boch. Nous échangeons autour du travail de la plasticienne, quand une arrivée inattendue nous interrompt. Stéphane (son prénom a été modifié), un patient de l’hôpital d’une trentaine d’années déboule dans les lieux pour saluer l’équipe : « Les personnes hospitalisées peuvent venir ici librement, sans prescription ni accompagnement, explique Diane. Il y a des habitués qui viennent pour une exposition, une forme d’art en particulier ou juste pour changer d’environnement, mais il y a aussi des personnes que nous ne connaissons pas, et nous ne cherchons pas à savoir si elles sont en suivi psychiatrique ou non… » […]