Jean-Baptiste Sastre est un personnage fascinant, une sorte de Corto Maltese sur le « A » de l’océan Atlantique de Philémon, qui connaît la carte et le territoire. Pour cela, il « met ses chaussures, marche et arpente ». Efficace. Voyageur extraordinaire des mots qu’il réanime, expert de la manducation des textes et des paroles qu’il revisite inlassablement, son geste artistique est imperceptiblement ample. Comédien et metteur en scène, il est des deux côtés de la scène, il écrit et interprète : Duras, Pirandello, Artaud, Genet, Bernanos, Simone Weil ou encore Péguy. Il crée avec celles et ceux qui l’accompagnent, et plus particulièrement les gens, les poètes et les plasticiens dont il s’entoure afin d’explorer des esthétiques singulières.
À Bobigny, Coulommiers ou Aulnay-sous-Bois… on le retrouve, hyper attentif, aux rendez-vous entre les élèves des collèges et les résidents des Ephad à proximité. À l’ère post-confinement, le projet est simple, en apparence : accompagner les élèves dans la pratique de la lecture à haute voix. Guidés avec précision, les jeunes découvrent et travaillent le positionnement de leur voix, de leur diction, du respect de la ponctuation, de leur gestuelle et de leur relation au public. Ces ateliers servent ensuite de principe comburant pour des rencontres douces et ténues entre les collégiens et nos aînés…
Par Steven Hearn