Professeure de français dans un collège de la banlieue parisienne jusqu’en 2020, Juliette Perchais, 33 ans, est coordinatrice départementale à la Maison des adolescents et des jeunes adultes de Charente-Maritime.
Vous avez effectué un tour du monde des écoles alternatives et traditionnelles entre 2017 et 2018. Que retenez- vous de cette expérience ?
J’étais branchée pédagogies alternatives, je suis revenue à une méthode plus traditionnelle, qui fonctionne aussi parce que je suis plus passionnée, plus drôle, plus attentive aux élèves. Le constat est donc simple : il n’y a pas de pédagogie meilleure qu’une autre ! En revanche, quand on consacre du temps et des moyens à soigner l’humain, les adultes et les élèves, l’école peut changer et redevenir optimiste et humaine. La notion de plaisir est importante et le cadre peut s’avérer lui aussi essentiel pour donner plus de liberté aux élèves et les rendre plus sereins.
Comment peut-on optimiser l’apprentissage des jeunes ?
La question de l’apprentissage et celle de l’estime de soi sont intimement liées. Car lorsque l’on augmente le sentiment de compétence d’un jeune, on augmente dans le même temps son estime de lui-même, et ce, tout en apprenant. Lors de mon tour du monde, j’ai visité The Riverside School d’Ahmedabad, en Inde, une école où l’on fait confiance aux élèves pour changer le monde. Ainsi, des élèves âgés de 8-9 ans ont récupéré des denrées alimentaires pour des victimes d’inondations, d’autres classes ont participé à la construction de toilettes, etc. C’est essentiel de s’engager à tout âge dans ce genre de projets, et encore plus quand on est jeune, car on se sent utile, et on a le sentiment d’avoir fait avancer les choses.
En Finlande, une école a tissé des partenariats avec des associations d’aide aux migrants afin que cette population puisse soutenir les plus jeunes en mathématiques ou en sciences de la vie et de la Terre… et dans le même temps profiter de ce tutorat pour pratiquer le finnois. Un projet également proposé aux élèves de niveaux différents d’une même école de manière à ce que les plus âgés assistent les plus jeunes. Ce transfert de compétences peut s’appliquer aux adolescents et jeunes adultes sous forme de mentorat, auquel cas ils accompagnent les plus jeunes au collège, et cela renforce leur estime d’eux‑mêmes…
Par Chantal Baoutelman