À Montépilloy, dans l’Oise, Perrine André recueille des animaux d’élevage destinés à l’abattoir ainsi que des animaux domestiques victimes de maltraitances pour les besoins de sa ferme pédagogique.
Diplômée d’une licence de commerce internationale, Perrine André a abandonné sa jeune carrière de commerciale dans les Hauts-de-France lors du premier confinement, il y a tout juste un an, pour réaliser son rêve de petite fille : créer une ferme pédagogique pour sauver des animaux et sensibiliser les plus jeunes au monde agricole.
Un refuge pour les animaux de la ferme
C’est en contactant différentes associations que Perrine effectue ses premiers sauvetages. Chèvres, vaches, moutons, cochons, poules… La ferme de Perrine n’est pas encore ouverte qu’elle compte déjà 54 animaux, tous sauvés d’une mort juvénile et certaine ou d’une existence pénible ; la plupart étant destinés à l’abattoir, le reste ayant subi des maltraitances ou un abandon. « Les chèvres que j’ai recueillies sont toutes issues d’élevages laitiers, dans lesquels les chevreaux mâles sont systématiquement abattus (après leur naissance, puisqu’ils ne peuvent produire de lait), ainsi qu’une partie des femelles, pour réguler la population de ces élevages… D’autres de mes animaux ont été maltraités ou n’ont jamais vu le jour. Il y a un gros travail de sociabilisation à faire avec eux, quotidiennement, car je souhaite les mettre en contact avec les visiteurs. Or, un cochon qui a été frappé une fois est sauvage toute sa vie… », nous rappelle Perrine. Aujourd’hui, ce n’est plus elle qui contacte les associations pour recueillir des animaux, mais ces dernières, ou même des éleveurs qui ne souhaitent pas voir leurs animaux partir à l’abattoir.
Des ateliers pour sensibiliser à la cause animale…
Sa ferme étant quasi complète, Perrine se voit maintenant contrainte d’opérer des choix difficiles dans la sélection des prochaines bêtes à sauver : « Je ne me fixe pas un nombre limité d’animaux, mais je n’ai pas non plus une ferme de 10 hectares… Alors, je suis obligée de faire des choix, malheureusement, en fonction des différents ateliers que je souhaite mettre en place pour le jeune public : sensibiliser au bien-être animal, à notre façon de vivre à leurs côtés, mais aussi apprendre les chiffres avec les animaux, apprendre les couleurs, le vocabulaire, leur mode de vie… Ce sont ces ateliers qui vont déterminer la couleur ou la race des prochains animaux à sauver. Par exemple, je n’ai que des cochons noirs actuellement, les prochains cochons seront donc roses ou tachetés pour apprendre aux enfants qu’il existe différents cochons. Idem pour les poules ou les moutons. Mais une chose est sure : ils seront tous issus de sauvetages », nous confie, non sans regret, Perrine.
… Et de la médiation animale au programme
Grâce à sa ferme, Perrine souhaite aussi faire de la médiation animale pour travailler avec des enfants porteurs de handicap. Certains centres spécialisés l’ont déjà contactée pour travailler avec elle dès l’ouverture de sa ferme : « Le but est de pouvoir soulager certains handicaps, ou d’éveiller la communication chez certains enfants non-verbaux. Il y a déjà eu des enfants qui ne parlaient pas, avec un autisme très sévère, qui se sont retrouvés à biberonner les chèvres et aller à la rencontre d’autres animaux. Non seulement ils ont réussi à approcher des animaux maltraités, mais en plus ces enfants qui ne s’expriment pas d’ordinaire se sont mis à sourire et à lâcher quelques mots à leur contact. »
Recueillir davantage d’animaux et inciter les particuliers à le faire
L’objectif de Perrine à long terme est de développer ses infrastructures pour sauver davantage d’animaux, mais aussi d’accueillir un public toujours plus large, notamment des collégiens grâce à des stages ou des classes vertes. Perrine entend aussi encourager toutes celles et ceux qui souhaitent (et peuvent !) recueillir des animaux de ferme à se rapprocher d’associations ou d’éleveurs : « Pour moi, c’est impensable d’acheter un animal dans un élevage alors qu’il y en a énormément à sauver. Par exemple, les poules pondeuses vont à l’abattoir au bout d’un an et demi car elles pondent moins bien… N’allez pas acheter une chèvre ou une poule dans un élevage, sauvez-les. »