Dans la région de Morlaix, quatre étudiants s’engagent contre le gaspillage alimentaire. Ils veulent récupérer des invendus et distribuer gratuitement des repas. « Les poubelles sont souvent pleines, c’est incompréhensible. »
Tout a démarré autour d’une petite exploitation biologique, au sein du lycée agricole Suscinio-Morlaix, quand deux étudiants en BTS Gestion & protection de la nature ont commencé à récupérer des invendus, des produits hors calibre ou un peu abîmés. Ces produits, au lieu d’être jetés au compost, ont été stockés dans un cabanon pour que chacun puisse se servir gratuitement. Action utile en ces temps difficiles. Puis, l’idée est venue d’aller plus loin durant cette période de crise sanitaire qui touche tout particulièrement les étudiants et les jeunes sans ressource, ni job…
Lou et Maya, bientôt accompagnés par Manoé et Lorette, avec qui nous avons échangé, ont alors contacté en début d’année les commerces de proximité, des grandes surfaces, des boulangeries, ainsi que des agriculteurs du coin pour revaloriser leurs invendus ou des produits frais consommables mais au mauvais calibre. Leur intention : sensibiliser à la lutte contre le gaspillage alimentaire auprès de toutes et tous.
Pour mettre en place la première action, les quatre ont lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme Leetchi pour pouvoir acheter l’essentiel : masques, gants, épices, huiles, essence. Et puis, ils se sont lancés il y a quinze jours avec les mets récupérés devant un Intermarché de Morlaix. « On a cuisiné avec des bénévoles et on a distribué le tout gratuitement. On a préparé 200 repas, partagé 25 litres de jus, mais aussi des paniers de légumes, résume Lorette… En tout, 300 personnes sont passées, poursuit-elle. On a croisé des étudiants, des personnes en situation de précarité, des SDF, des familles avec des enfants. C’était agréable de voir tout ce beau monde dans cette période stressante. Surtout qu’actuellement, on a plutôt l’habitude de se méfier des gens… Alors, cela nous a fait du bien. »
Des poubelles pleines : « C’est incompréhensible… »
« On veut sensibiliser et toucher un public large, glisse Lorette. J’ai fait les poubelles pendant quelques temps aux abords des grandes surfaces, et c’est horrible de voir ce que les magasins laissent derrière. Ils donnent à de nombreuses associations, d’accord, mais pas assez. Les sacs sont pleins de produits que l’on peut consommer. Souvent, ce n’est pas la date qui est dépassée, précise-t-elle. Dans les poubelles, on peut trouver par exemple un paquet de 12 yaourts non consommés, uniquement car un seul pot a été cassé. Et c’est pareil pour les packs de bières… Une bouteille s’est brisée, les autres sont donc parties à la benne… C’est incompréhensible, il faut en parler. »